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Grèce : la révolte de décembre 2008

Le 6 décembre 2008, la police assassine un jeune de 16 ans, un mois d’émeutes et d’occupations suivront…

Athènes : Vers 21h00, deux flics patrouillant en voiture dans Exarchia, centre d’Athènes, ont eut des échanges verbaux avec quelques jeunes rue Messollogiou. On rapporte qu’une bouteille ou des pierres auraient été lancés sur la voiture. Celle-ci est alors repartie avant de s’arrêter, et les deux flics se seraient dirigés à pied vers les jeunes. Epaminondas Korkoneas, 37 ans, originaire de Kalamata, père de 3 enfants, s’est approché des jeunes en désignant ses organes génitaux et, en gueulant « qu’il allait les baiser maintenant », il tira ensuite trois fois dans leur direction, à moins de 20 mètres. L’un des jeunes, un anarchiste de 15 ans Alexandros-Andreas (Alexis) Grigoropoulos, tomba mort, une balle dans le cœur. Des passants appelèrent une ambulance pour l’emmener à l’Hôpital Evaggelismos, où l’on ne fit que constater son décès. Juste après le meurtre, Korkoneas et son collègue, Vassilis Saraliotis, 31 ans, retournèrent à la voiture et quittèrent le quartier. Lorsqu’il fut interrogé par d’autres flics à propos de la fusillade, Korkoneas, décrit comme le « rambo » local, poussant ses supérieurs à des interventions plus musclées, répondit qu’il en avait assez de subir des intimidations à Exarchia, un quartier avec de fortes solidarités, des initiatives des habitants, et une activité politique, où il y a souvent des heurts dans les rues avec les MAT (police anti-émeute) qui ceinturent cette zone. Les mass médias parlent d’un groupe d’une cinquantaine d’ »anarchistes cagoulés » attaquant une voiture de police avec des cocktails Molotov, et d’un flic « faisant les sommations d’usage, qui menèrent à une blessure fatale. »

La nouvelle du meurtre se répand immédiatement par le bouche à oreille et via internet, et des anarchistes et des habitants du quartier se rassemblent rue Mesologgiou. Des heurts se produisent rapidement après ces rassemblements avec les MAT et des flics en civil, et des barricades sont rapidement dressées à l’aide de poubelles en feu aux alentours du square d’Exarchia et des routes environnantes. Des dizaines de personnes attaquent les MAT avec des pierres et les repoussent hors d’Exarchia. Les MAT attaqués reviennent avec des lacrymogènes, les gens se déploient dans Exarchia et affrontent la police, qui a ceinturé le quartier et attaqué les anarchistes qui y arrivaient. Ceux-ci se sont débrouillés pour repousser la police, prendre l’école polytechnique et garder les routes frontales ouvertes aux gens. Des heurts avec les flics (MAT et flics en civil) avenue Patission et rue Stournari se produisent. Deux banques en feu avenue Patission. Après minuit, des centaines de gens arrivent pour l’occupation de l’école polytechnique, tandis que des heurts mineurs avec la police ont lieu à l’extérieur. Des heurts ont également lieu aux alentours de l’école de Droit, également occupée par ses étudiants. Les MAT attaquent les gauchistes qui défilent à Exarchia. Assemblée ouverte à l’école Polytechnique. Pendant ce temps les MAT ont ceinturé l’Hopital Evaggelismos et les flics ont essayé d’y rentrer mais ont été repoussés par des amis et compagnons d’Alexis.

Pendant la nuit à Athènes, les affrontements se déplacent vers l’avenue Ermou, quartier huppé, où plus de 70 magasins de luxe, une banque et 2 bâtiments sont soit détruits, soit complètement incendiés avec l’aide de nombreuses personnes des cafés avoisinants qui ont entendu la nouvelle. Des pillages ont lieu. Une galerie marchande de 7 étages en feu. De nombreuses voitures servent de barricades. Une autre banque en feu, avenue Piraeus. Des blocages de rue et des heurts ont lieu autour de l’université Pantios. Il y a un épais brouillard au centre ville à cause des gaz lacrymogènes. La police est repoussée de nombreuses zones du centre ville et passe à la défense. Des passants empêchent la police d’attaquer les manifestants et certains rejoignent même la foule. Des centaines d’affrontements avec la police autour d’Exarchia. Un groupe attaque le commissariat de Leoharous avec des cocktails Molotov, et de nombreux passants qui ont entendu la nouvelle s’opposent à la police rue Stadiou où une banque Agrotiki est incendiée. Les flics s’enfuient. La nouvelle se transmet par le bouche à oreille de Monastiraki à Psirri, où les gens se rassemblent, et où la police envoie les MAT. Une banque Geniki est incendiée. Des heurts et des barricades enflammées pendant toute la nuit devant Polytechnique et l’ASOEE occupées, Omonoia, le square central d’Athènes et d’autres rues. Pendant ce temps, les anarchistes occupent l’université d’économie ASOEE. Un groupe attaque le commissariat de Neos Kosmos. Un groupe attaque les bureaux de Nouvelle Démocratie (parti au pouvoir) à Ano Petralona. Un groupe attaque les bureaux de Nouvelle Démocratie à Moschato. Le commissariat de Akropoleos est attaqué. La majeure partie de l’éclairage public de l’avenue Akadimias est détruit. Un groupe détruit une banque à Menidi. Les affrontements continuent à Exarchia.

Les deux ministres Pavlopoulos et Hinofotis donnent leur démission, mais le premier ministre les refuse. A Athènes, les organisations gauchistes appellent à une manifestation à Mouseum, dimanche à 13h00.

Les anarchistes appelèrent à de violentes manifestations dans toutes les villes vers minuit – une heure :

Thessalonique : Une manifestation anarchiste attaque le commissariat de police du square Aristotelous, détruisant des véhicules et des motos de la police. Sur le chemin de retour vers le square de Kamara, ils ont saccagé toutes les banques se trouvant sur leur passage, la façade d’un hôtel de luxe, un centre religieux « montagne d’Athos », le mégastore de fournitures scolaires « Malliaris », et de nombreux gros magasins de l’avenue Egnatias, ainsi que le commissariat de Ano Polis, et le poste de garde devant l’ambassade turque.
Affrontements avec les MAT autour de l’université et poubelles incendiées dans les rues avoisinantes. Plus tard, des groupes ont incendié tous les chantiers du Metro à l’intérieur de l’université, et des banques du centre ville. Assemblée ouverte à l’école polytechnique de Thessalonique pour informations et planification.

Heraklion : Quelques centaines de personnes se sont rassemblées dans le square central, et pendant la manifestation se sont attaquées au commissariat et au palais de justice. Les habitants se souviennent aussi du meurtre du jeune motard Iraklis Maragkakis à l’extérieur d’Heraklion, 5 ans auparavant, alors qu’il ne s’était pas arrêté lors d’un contrôle policier, les flics lui avaient tiré dans la tête, ce qui avait conduit à l’attaque du commissariat et à l’arrestation d’anarchistes le lendemain. La police ne s’est pas montrée. Plus tard dans la soirée des petits groupes ont incendié 4 banques.

Rethymnon : Manifestations de quelques dizaines de personnes.

Chania : Des centaines de personnes défilent vers le commissariat, et affrontent les MAT. Elles repartent en bloc, détruisant des banques et les bureaux des ferrys ANEK, érigeant dans les rues derrière elles des barricades de poubelles enflammées. Elles ont également saccagé des agences pour l’emploi, le mess des officiers, un bureau de politiciens, la poste centrale, les bureaux de la banque postale, et une pharmacie appartenant au maire de droite. Dans la nuit, un groupe s’attaque aux véhicules du maire et d’autres officiels devant la mairie.

Patras : Manifestation de quelques centaines de personnes vers le commissariat. Les manifestants détruisent les voitures de polices, les motos et les voitures banalisées. Les flics attaqués à l’aide de fusées éclairantes font un usage massif de lacrymogènes. De nombreuses personnes se lancent dans les affrontements, tandis que des banques et des agences de téléphone portable sont saccagées. Dans la nuit, un groupe a attaqué une cour où se trouvaient des véhicules de police dont certains banalisés, incendiant un bon nombre d’entre eux.

Komotini : Manifestation spontanée vers le commissariat de police par les gauchistes et les anti-autoritaires qui lancent des bombes colorantes rouges sur le bâtiment. Assemblée générale étudiante à l’université, qui ferme et occupe le bâtiment. Des anarchistes bloquent et squattent l’université.

Mytilini : Plus de 200 personnes défilent vers le commissariat, heurts avec les flics et saccage de véhicules et de motos de police banalisés.

Sparta : Manifestation anarchiste spontanée devant le commissariat, des gens peignent des slogans sur les murs de tous les bâtiments publics du centre ville, sur les banques et le palais de justice.

Alexandroupoli : Quatre anarchistes se rassemblent spontanément devant le commissariat et affrontent deux flics.

Serres : Manifestation anarchiste spontanée devant le commissariat, des gens peignent des slogans sur les murs.

Corfu : Rassemblement anarchiste dans les universités.

Ksanthi : Plus de 70 personnes se rassemblent spontanément à l’école polytechnique et défilent vers le commissariat. Sur leur route, elles croisent une voiture de police et cassent son pare-brise, les flics accélèrent en traversant le cortège, blessant une personne. Une banque ATM et des caméras sabotées.

Ioannina : Une manifestation anarchiste de 200 personnes attaque le commissariat et saccage les véhicules de police qui se trouvent devant. Les flics les repoussent avec un usage massif de lacrymogènes. Avant cela, les anarchistes ont croisé une jeep de la police des frontières, l’ont détruite et ont envoyé les deux flics qui s’y trouvaient à l’hôpital. En repartant, les manifestants ont brisé les vitrines de nombreuses banques.

Larissa : Manifestation dans le centre ville.

Naxos : Rassemblement autonome afin d’organiser des actions et de peindre des slogans sur toute l’ile, plus de 50 personnes y participent.

Kavala : Des groupes attaquent le commissariat, 6 banques et de nombreuses caméras de surveillance. Un policier est blessé durant les affrontements.

Volos : Manifestation anarchiste spontanée, où plus de 150 personnes se sont attaquées avec des pierres et des bâtons au commissariat, les flics ont répliqué avec des lacrymogènes, ce qui déboucha sur une bataille de rue. La manifestation s’est achevée en un bloc solide, détruisant une banque ATM.

Agrinio : Manifestation anarchiste spontanée de 60 personnes, défilant dans le centre ville, attaquant 4 banques à l’aide de pierres et de pavés. Les flics ne se sont pas montrés.

De plus petites manifestations spontanées dans de nombreuses villes grecques.

Suite de la brochure ici, sinon voici une autre brochure sur l’insurrection de décembre 2008: Jours de Rage

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