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« La révolution n’est pas une affaire de parti » Otto Rühle

L’expérience historique nous apprend que tous les compromis conclus entre la révolution et la contre-révolution ne peuvent profiter qu’à cette dernière. Toute politique de compromis est une politique de banqueroute pour le mouvement révolutionnaire. Ce qui avait débuté comme un simple compromis avec la social-démocratie allemande a abouti à Hitler. Ce que Lénine justifiait comme un compromis nécessaire a abouti à Staline. En diagnostiquant comme maladie infantile du communisme le refus révolutionnaire des compromis, Lénine souffrait de la maladie sénile de l’opportunisme, du pseudo-communisme.

Ancien député social-démocrate allemand, Otto Rühle évolua au sein de l’opposition de gauche. Membre fondateur du Spartakusbund, puis délégué au conseil ouvrier et militaire de Dresde en 1918. Il s’opposa à Rosa Luxemburg sur la question des élections.

Extraits:

« LA LUTTE CONTRE LE FASCISME COMMENCE PAR LA LUTTE CONTRE LE BOLCHEVISME »

“1. Le bolchevisme est une doctrine nationaliste. Conçue à l’origine essentiellement pour résoudre un problème national, elle se vit plus tard élevée au rang d’une théo­rie et d’une pratique de portée internationale, et d’une doctrine générale. Son caractère nationaliste est aussi mis en évidence par son soutien aux luttes d’indépen­dance nationale menées par les peuples assujettis.

2. Le bolchevisme est un système autoritaire. Le sommet de la pyramide sociale est le centre de décision déter­ minant. L’autorité est incarnée dans la personne toute­ puissante. Dans le mythe du leader, l’idéal bourgeois de la personnalité trouve sa plus parfaite expression.

3. Organisationnellement, le bolchevisme est hautement centralisé. Le comité central détient la responsabilité de toute initiative, instruction ou ordre. Les dirigeants de l’organisation jouent le rôle de la bourgeoisie ; l’unique rôle des ouvriers est d’obéir aux ordres.

4. Le bolchevisme est une conception activiste du pouvoir. Concerné exclusivement par la conquête du pouvoir politique, il ne se différencie pas des formes bourgeoises traditionnelles de domination. Au sein même de l’orga­ nisation, les membres ne jouissent pas de l’autodétermi­nation. L’armée sert de modèle d’organisation au parti.

5. Le bolchevisme est une dictature. Utilisant la force brutale et des méthodes terroristes, il oriente toutes ses fonctions vers l’élimination des institutions et des courants d’opinion non bolcheviques. Sa « dictature du prolétariat » est la dictature d’une bureaucratie ou d’une seule personne.

6. Le bolchevisme est une méthode mécaniste. L’ordre social qu’il vise est fondé sur la coordination automa­tique, la conformité obtenue par la technique et le totalitarisme le plus efficace. L’économie centralement «planifiée» réduit sciemment les questions socio­éco­ nomiques à des problèmes technico­organisationnels.

7. La structure sociale du bolchevisme est de nature bour­geoise. Il n’abolit nullement le système du salariat et il refuse l’appropriation par le prolétariat des produits de son travail. Ce faisant, il reste fondamentalement dans le cadre des relations de classes bourgeoises, et perpétue le capitalisme.

8. Le bolchevisme n’est un élément révolutionnaire que dans le cadre de la révolution bourgeoise. Incapable de réaliser le système des soviets, il est par là même incapable de transformer radicalement la structure de la société bourgeoise et de son économie. Ce n’est pas le socialisme qu’il instaure, mais le capitalisme d’État.

9. Le bolchevisme n’est pas une étape de transition qui déboucherait ultérieurement sur la société socialiste. Sans le système des soviets, sans la révolution radicale et totale des hommes et des choses, il ne peut remplir l’exigence socialiste primordiale, qui est de mettre fin à l’aliénation humaine engendrée par le capitalisme. Il représente la dernière étape de la société bourgeoise, et non le premier pas vers une nouvelle société.

Ces neuf points fondent une opposition irréconciliable entre le bolchevisme et le socialisme. Ils illustrent avec toute la clarté nécessaire le caractère bourgeois du mouvement bolchevique et sa proche parenté avec le fascisme. Nationa­lisme, autoritarisme, centralisme, direction du chef, poli­tique de pouvoir, règne de la terreur, dynamiques méca­nistes, incapacité à socialiser – tous ces traits fondamentaux du fascisme existaient et existent dans le bolchevisme. Le fascisme n’est qu’une simple copie du bolchevisme. Pour cette raison, la lutte contre le fascisme doit commencer par la lutte contre le bolchevisme.“

Editions Entremonde

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