Comme chaque année, la fête nationale du premier août va faire résonner pétards et feux d’artifices kitsch, discours de parlementaires barbants, et émouvants bras tendus au Grütli.
Cette fête, comme toutes les sauteries nationalistes et autres parades à la gloire d’un pays ou d’une communauté artificielle, ne nous évoque rien d’autre que du mépris. Pas que cette tradition soit une nouveauté, mais cette année particulièrement, elle se place dans le contexte du développement de groupuscules d’extrême-droite violents et, plus généralement, dans un contexte de crise qui constitue un terrain fertile aux idées nationalistes et xénophobes.
L’idéologie nationaliste a toujours été utilisée comme une parade pour contrer les mouvements sociaux. Quoi de mieux, pour endiguer un sentiment de colère ou une révolte, que de trouver des boucs émissaires ? Comme si nos ennemis étaient extérieurs et que nos frontières constituaient un cocon douillet qui nous protégerait des « méchants ». Comme si des intérêts « nationaux » (qui ne sont rien d’autre que les intérêts de la bourgeoisie de la nation en question) nous concernaient. Comme si le fait d’appartenir à la même nation devait nous faire éprouver un sentiment de solidarité, alors que la seule solidarité que nous devrions prendre en compte est la solidarité de classe. Comme si les responsables de la montée du chômage étaient les migrants qui, victimes du même système que nous, viennent en Europe pour tenter d’avoir une vie meilleure, alors qu’ils sont dans le même panier que nous et que nous avons les mêmes ennemis : ce système capitaliste, ses dirigeants, ses chiens de garde.
Les groupes politiques qui prônent un retour au nationalisme et à la fermeture des frontières ne font rien d’autre que de remplacer une exploitation par une autre : il s’agit pour eux de revenir à un capitalisme nationalisé, « à l’ancienne », entre blancs. Ils dénoncent le libéralisme, pas parce que c’est un système porteur d’injustice et d’inégalités, mais parce qu’il est mondialisé. Derrière leur rhétorique soi-disant révolutionnaire, se cache le seul désir conservateur de rester entre autochtones.
Le nationalisme nous enseigne que les êtres humains peuvent être classés dans de petites cases en fonction de ce qui est inscrit sur le passeport. Qu’il faut nous méfier de ce qui est différent. Qu’on est « Suisses » avant d’être autre chose et qu’en opposition à nous, il y a « les étrangers ». Et qu’il faudrait en être fier. Quelle fierté y a-t-il à être né dans un état plutôt qu’un autre ? Il n’y a guère que les imbéciles pour s’en vanter.
On peut voir dans la fête du premier août une kermesse innocente qui n’est que l’occasion de griller des saucisses et de faire porter des lampions aux enfants. Ce n’est pas notre avis. L’exacerbation du sentiment d’appartenance nationale, avec tout ce qu’il implique, est au mieux ridicule, au pire dangereux.
PAS DE GUERRE ENTRE LES PEUPLES!
PAS DE PAIX ENTRE LES CLASSES!