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Support your local anarchist bookshop!

 

Mercredi matin 5.12.12 autour de 4h10 la librairie Fahrenheit 451 a reçu un pavé dans sa vitrine. Les fachos rigolent sous cape. C’est affligeant, et alors ? Ce geste lâche n’est qu’une confirmation que nous dérangeons… Eh bien j’ai de mauvaises nouvelles pour eux : nous continuerons !

Solidarité avec la librairie anarchiste Farenheit 451!

Organisons la solidarité et l’auto-défense antifasciste et prolétarienne!

www.fahrenheit451.ch

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Cops on fire !

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Le meilleur hommage: continuer la lutte!

Nous commémorons cette année les 20 ans de la mort de Silvio Meier, squatteur et antifasciste berlinois assassiné par les néo-nazis.

Le mouvement antifasciste berlinois et international ont fait une large campagne et la manifestation antifasciste du samedi 24 novembre 2012 a réuni plus de 5’000 personnes. Photos et communiqués.

Le slogan de la campagne était « REMEMBERING MEANS FIGHTING » traduit par « SE SOUVENIR C’EST LUTTER ». Les manifestants ont défilé en mémoire de Silvio mais aussi contre les services secrets, accusés d’avoir aidé la cellule clandestine néo-nazie NSU à rester si longtemps dans l’impunité. Pendant presque 10 ans, ils ont assassiné des étrangers (huit turcs et un grec) et une policière, fait des dizaines de braquages pour se financer et commis un attentat à la bombe à clous. Reportage sur l’affaire NSU.

En Allemagne, environ 300 meurtres racistes ou imputables à l’extrême-droite ont été commis depuis la réunification en 1989.

En Hongrie, les extrêmistes de droite organisent des milices pour harceler les Roms.

En Grèce les néo-nazis tabassent les immigrés en plein centre-ville d’Athènes.

Aujourd’hui dans certains pays la menace fasciste est tangible, les aggressions et les meutres se généralisent. Les différents Etats et leur police sont souvent complices de ces actes. D’une part en protégeant les fascistes, et de l’autre en perpétuant le racisme d’Etat et le nationalisme.

On se souvient de la police genevoise et de son porte-parole qui affirmait que l’attaque au couteau par les fascistes, cet été au Parc des Bastion, était « juste une rixe », pour occulter l’aspect politique de cette aggression.

On se souvient du flic qui a laissé partir le néo-nazi alors que celui-ci venait de poignarder le chanteur punk.

On se souvient des flics genevois en tenue anti-émeute lors du G8, certains avaient collé une « Totenkopf » (symbole des SS) sur leurs casques.

On se souvient de tous les contrôles et de toutes les fois ou on a fini au poste. Les insultes racistes, les moqueries quant aux accents des non-francophones, les intimidations « sale gaucho », les fouilles « approfondies » si tu es bronzé ou que ton nom ne fait pas très suisse.

Dernièrement, la « découverte » de néo-nazis dans l’armée suisse a fait scandale. Ne soyons pas naïfs, il y en a aussi dans la police!

Nous n’avons aucune confiance en l’Etat et sa police pour régler nos problèmes, car ils en font partie. Notre réponse face aux attaques de l’Etat, des flics et des fascistes c’est la révolution sociale! Contruire l’Autonomie et organiser l’auto-défense antifasciste et prolétarienne!

Voici les noms de tous nos camarades* tués par les fascistes en Europe et en Russie depuis l’assassinat de Silvio il y a 20 ans. Nous n’oublions pas! Nous ne pardonons pas!

Silvio Meier – 21 novembre 1992 (D) Berlin

Guillem Agullò – 11 avril 1993 (Cat) Montanejos

Davide Cesare « Dax » – 16 mars 2003 (I) Milan

Thomas Schulz – 19 mars 2005  (D) Dortmund

Timur Kacharava – 13 novembre 2005 (Russ) St-Petersburg

Ilya Borodaenko – 19 juillet 2007 (Russ) Sibérie

Carlos Palomino « el Pollo » – 11 novembre 2007 (E) Madrid

jan Kucera – 18 janvier 2008 (CZ) Pribram

Fjedor Filatov – 10 octobre 2008 (Russ) Moscou

Ivan Khutorskoy 17 février 2009 (Russ) Moscou

Le meilleur hommage: continuer la lutte!

RAGE – Réseau Antifasciste Genève

 

* Toutes ces personnes ont été assassinées par les néo-fascistes car ils étaient des militants antifascistes, mais leurs cibles sont aussi les étrangerEs, les Tziganes, les homosexuellES, les syndicalistes et les journalistes.

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Non à l’aéroport! Vive la ZAD!

Le Réseau Antifasciste Genève appelle tous les GenevoisEs à soutenir les militantEs anti-aéroport en lutte à Notre-Dame-des-Landes! Ensemble défendons la ZAD! Vinci hors de nos vies!

« La ZAD, c’est pour les aménageurs la Zone d’Aménagement Différé ; pour nous une Zone À Défendre : un bout de campagne à quelques kilomètres de Nantes (Bretagne) qui devrait, pour les décideurs, laisser place à un aéroport international.

Leur projet est de construire une plate-forme économique « Grand Ouest » d’envergure internationale allant de Nantes à Saint-Nazaire, qui ne formeraient plus qu’une seule et grande métropole. La réalisation de cette plate-forme demande de maîtriser tant le ciel, la mer, que la terre à travers le remplacement de l’actuel aéroport de Nantes par un nouveau à Notre-Dame-des-Landes, mais aussi l’agrandissement du port de Saint-Nazaire, la construction de nouvelles routes et autoroutes…

Nos désirs, en venant habiter sur l’emplacement prévu de l’aéroport, sont multiples : habiter sur un territoire en lutte, ce qui permet d’être proches des personnes qui s’y opposent depuis 40 ans et de pouvoir agir en temps de travaux ; profiter d’espaces laissés à l’abandon pour apprendre à vivre ensemble, à cultiver la terre, à être plus autonomes vis à vis du système capitaliste. »

Contre les expulsion vive la résistance! Pour la protéction de la nature contre le système capitaliste!

Solidarité avec celles et ceux qui luttent!

Solidarité avec Piotr Silajev! Crève Vinci!

Plus d’infos sur la lutte ici

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Genève: solidarité avec Piotr Silajev!

En solidarité avec l’anarchiste et antifasciste russe Piotr Silajev, une banderolle a été déploiée à côté des Avenchets dans la nuit de mardi à mercredi.

Solidarité sans frontières!

Hoch die internationale Solidarität!

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Solidarité avec notre camarade Piotr Silajev

Nous lançons un appel de Barcelone pour des journées internationales de
propagande et action du 19 au 21 Novembre en solidarité avec notre
camarade Piotr Silajev.

Le 28 Octobre, à Grenade a eu lieu la premiere audience du procés de
Siljanev pour planifier sa deportation d’Espagne en Russie. Silajev a été
arrété a Grenade alors qu’il y était en vacances et L’Audiencia Nacional –
un jury specialisé dans le « crime organisé » et le « terrorisme »- le juge
alors qu’il a déja obtenu l’asile politique en Finlande. Dans le cas d’une
déportation vers la Russie, il pourrait avoir une peine de prison allant
de 7 à 13 ans.

La raison de cette possible déportation est le rôle de Piotr dans la
campagne pour sauver la forêt ancienne de Khimki, située au nord Moscou et
menacée par la construction d’une autoroute. Le projet à été confié au
groupe Vinci, qui est connu pour ses projets controversés et sa
corruption. En 2010 une manifestation militante a attaqué la mairie de
Khimky suite à laquelle Piotr, accusé de l’organisation, se voit contraint
de fuir la Russie à cause d’un mandat d’arrêt dressé contre lui par la
police Russe.

La possible déportation enfreindrait non seulement les lois espagnoles
mais également de nombreuses lois internationales ainsi que articles des
nations unies sur les droits des immigrés.

Nous appelons a des journées de solidarité et donc a de multiples
démonstrations pour visibiliser la situation de notre camarade anarchiste.

Les compte-rendus d’actions peuvent être envoyés ici : babushka@riseup.net

Plus d’information sur l’arrestation de Piotr

En espagnol

En anglais

Non à la déportation de Piotr !

Groupe de solidarité de Barcelone 5 Novembre 2012

TEXTE espagnol:sur cette adresse, c’est les deux premiers articles

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Berne: ni oubli, ni pardon!

Les camarades de Berne ont fait une action banderolle et ont distribués des flyers à la Reitschule pour les 80 ans de la fusillade du 9 novembre 1932. United we stand!

Kein Vergeben, kein Vergessen!

Gegen Faschismus, Staatsgewalt und Repression, für die soziale Revolution!

Ni oubli, ni pardon!

Contre le fascisme, la violence d’Etat et la répression, pour la Révolution sociale!

Texte du flyer en suisse-allemand: ici

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Communiqué de presse Observatoire des Pratiques Policières (OPP)

L’OPP était présent à la manifestation et a par ailleurs récolté des témoignages relevant les pratiques du Département de la Sécurité.
Vendredi 9 novembre 2012, la manifestation autorisée de commémoration du 9 novembre 1932 s’est déroulée sans heurts. Néanmoins la répression était au rendez-vous sous des formes bien diverses. Un important dispositif policier antiémeute, sur le pied de guerre, était placé dès le milieu de l’après-midi aux alentours du départ de la manifestation.

Quelques jours auparavant, une présence policière accrue dans differents endroits de la ville a débouché sur des contrôles d’identité en lien avoué avec la manifestation de vendredi et ce dans le but d’intimider la population. Le jour-même dans l’après-midi, un dispositif policier présent dans la zone piétonne du Mt- Blanc a procédé à des contrôles d’identité et des fouilles en agissant par délit de faciès. La police a aussi arrêté des personnes qui refusaient de se faire photographier. Ces personnes ont passé la totalité de la manifestation dans un fourgon antiémeute quelque part vers la Gravière. Une dizaine de policiers en civil ont infiltré la manifestation et ont pris de nombreuses photos des personnes afin de remplir leur fichier d’information.

Nous avons reçu des témoignages relatant des mesures imposées aux organisateurs par la police ; ces arrangements qui serviraient à réagir en cas de troubles mettent en danger les manifestants, car de nombreuses personnes ignorant ces consignes n’auraient pu réagir.

En fin de manifestation au moins une personne a été arrêtée, placée en garde à vue et présentée le lendemain au Ministère public. Elle a été condamnée en comparution immédiate pour déprédation avec « attitude d’insouciance vis-à-vis de l’espace public ». Ce système de comparution immédiate limite fortement les possibilités de se faire défendre adéquatement et entrave la réalisation d’une réelle instruction (l’accusé est de suite entendu et condamné par le procureur). Nous relevons que la disproportion des peines appliquées est un acte dissuasif et peut avoir pour effet de démotiver voire empêcher les personnes d’exercer leur liberté d’expression et de manifestation.

L’OPP rappelle à toute personne ayant subi ce type de traitement qu’il est possible de faire opposition dans le délai de 10 jours afin de pouvoir bénéficier d’un report d’audience. L’OPP invite aussi toute personne victime d’abus policier à prendre contact avec nous.

L’OPP dénonce ces pratiques sécuritaires et d’intimidation ainsi que ces procédures accélérées sans juge et sans instruction qui vont à l’encontre des droits humains fondamentaux. Ces pratiques (interdiction de manifester, recours aux forces militaires, …) sont en passe d’être appliquées dans divers pays d’Europe et font planer sur la population un vent de fascisme sécuritaire.

En conclusion, nous exigeons, à l’heure des choix budgétaires et dans un souci de transparence, que le Département de la Sécurité communique les coûts de ce dispositif disproportionné!

 

www.opp-ge.ch 12 novembre 2012

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Notre arme c’est la solidarité!

Nous appelons à la solidarité avec toutEs les personnes ayant subi la répression lors de la manifestation du 9 novembre.

Les photos et les fouilles de la police ne font qu’augmenter notre rage face à cet Etat sécuritaire. Entre les arrestations « préventives » et celles complétement arbitraires les flics ont fait du zèle pour justifier leur dispositif éléphantesque et pour plaire à Maudet.

En tant que mouvement il est de notre devoir de briser l’isolation pour faire face à la répression. Comme les manchots quand ils ont froid, comme les loups quand ils ont faim, comme nos camarades en 1932, remplaçons la souffrance individuelle par la révolte et l’organisation collective. Serrons les coudes! Personne ne sera laissé derrière!

Nous organiserons bientôt une récolte pour soutenir juridiquement et financièrement nos camarades.

Organisons la solidarité antifasciste!

 

Réseau Antifasciste Genève – RAGE

 

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1932-2012: Brochure et textes inédits

Ceux qui étaient présents hier soir lors de la manifestation l’ont probablement reçue. Pour les autres, voici la brochure sortie par le RAGE pour l’occasion:

Brochure – cliquer ici

Elle comporte un rappel des faits ainsi qu’un texte inédit, que nous reproduisons ici.

 

Rappel des faits

Dans les années 1920-1930, Genève est une ville où les luttes politiques et syndicales sont intenses. Beaucoup de journaux partisans sont vendus, notamment dans les Rues Basses, ce qui donne lieu à des combats de rue entre les différents groupes politiques. Avec la crise, la classe ouvrière s’enfonce encore davantage dans la misère. Le chômage est important, et peu de sans-emplois bénéficient d’une aide.

Comme dans les pays voisins, l’extrême-droite locale se renouvelle et l’Union Nationale (UN), devient une force politique qui compte. Les manifestations et les meetings de l’UN sont encadrées par un service d’ordre en uniforme, dont tous les membres sont officiers ou soldats.

Le début des années 1930 est marqué par le scandale de la Banque de Genève, dénoncé par le Parti Socialiste. Le climat politique est tendu, la violence verbale et la confrontation physique atteignent un niveau que les socialistes et autres bureaucrates d’aujourd’hui n’ont jamais connu.

L’UN décide d’organiser pour le 9 novembre 1932 une « mise en accusation publique des sieurs Nicole et Dicker », leaders du PS genevois, à la salle communale de Plainpalais. Devant cette provocation, le parti demande l’annulation du meeting et, dans le cas où celui-ci serait maintenu, décline toute responsabilité quant à ce qui pourrait se produire. Le Conseil d’État maintient l’autorisation du meeting fasciste.

Dans le Le Travail du 8 novembre, le parti socialiste demande « à toute la classe travailleuse genevoise de participer à une manifestation le mercredi soir 9 novembre, à la salle communale de Plainpalais ».

Le 9 au matin, Frédéric Martin, chef du Département de Justice et Police du Canton de Genève, demande au Département militaire fédéral la mise à disposition, pour un service d’ordre, de l’école de recrues III/1 qui se trouve en service à Lausanne. Le Conseil fédéral accepte.

On informe les soldats que « la Révolution a éclaté » à Genève. Quatre d’entre eux refusent d’obéir et sont immédiatement mis aux arrêts. Sous le commandement du colonel Lederrey, le reste de la troupe (30 officiers, 576 sous-officiers et soldats), arrive à Genève dans l’après-midi.

Dès 17h, la police entoure la salle communale avec des barrages. Les socialistes veulent y entrer en masse pour demander un débat contradictoire et chahuter si ça ne fonctionne pas. Mais ça ne marche pas, les barrages retiennent dehors tous les manifestantEs. La masse grossit : socialistes, communistes et anarchistes organisent la contre-manifestation antifasciste.

Vers 20h30, la foule charge un barrage et la police fait reculer les manifestants à coups de plat de sabre. Frédéric Martin se trouve alors au poste de police de la rue de Carouge et ordonne d’appeler l’armée.

A 21h15, une première colonne de soldats quitte la caserne du boulevard Carl-Vogt et se dirige vers le boulevard du Pont d’Arve et la rue de Carouge.

Sur le chemin pour rejoindre les barrages de la rue de Carouge, les soldats se retrouvent isolés et la foule les accueille à coups d’injures et de crachats pour les uns, les autres sont désarmés et leurs fusils cassés sur le trottoir. Les manifestants les appellent à se mutiner et leur lieutenant, Burnat, se reçoit quelques bonnes gifles dans la gueule. Les soldats essuient des jets des cailloux.

Le major Perret appelle immédiatement des renforts. Le lieutenant Burnat fait signe à ses hommes de se replier et demande l’autorisation de tirer au major Perret, qui lui ordonne d’attendre. Burnat réitère sa demande et, après un moment, Perret donne l’ordre.

A 21h34, la soldatesque tire sur la foule après avoir fait une sommation dont personne ne comprit le signal. On compte dix morts et soixante-cinq blessés dont trois mourront dans les jours suivants.

Le lendemain, le socialiste Léon Nicole est arrêté et l’anarchiste Lucien Tronchet est recherché. Pour la droite, la responsabilité incombe à ce premier et à son parti, qui ont perturbé l’ordre public.

Dix-huit militants et responsables des partis de gauche sont inculpés. Sept sont condamnés jusqu’à 6 mois de prison. Le conseiller d’État Frédéric Martin et les officiers qui ont donné l’ordre de tirer n’ont jamais été inquiétés.

Les syndicats genevois votent la grève le 11 novembre, à partir du 12 pour une durée de 24 heures. Le parti communiste genevois appelle, lui, à une grève politique de masse, mais l’Union syndicale suisse boycotte l’appel. L’Union des syndicats du canton de Genève donne l’ordre de ne pas manifester dans la rue. Genève se trouve en état de siège, des mitraillettes sont installées à certains croisements. Le code pénal militaire est élargi aux civils hostiles. Toutes les manifestations sont interdites et le nombre de soldats déployés atteint 4’000 le samedi 12. Le commandement de la troupe est placé sous direction des autorités fédérales.

A Berne, à Zurich et à Lausanne, des manifestation de soutien ont lieu. Partout en suisse les flics et l’Etat sont sur leurs dents.

Des milliers de personnes assistent aux funérailles de victimes.

 

Ni amnésie, ni résignation, ni collaboration

Aujourd’hui, le mémorial du 9 novembre 1932 est institutionnalisé comme un rendez-vous annuel de la gauche parlementaire, qui y voit une occasion de plus de tenir une tribune politique. Vieux trotskistes comme socialistes gauche-caviar, tous s’y succèdent pour dénoncer les atrocités de cette mise à mort de leurs camarades et verser une larme qui ne peut que faire bon effet dans leurs campagnes pour les élections. La gauche les glorifie une fois par année, pour le coté « romantisme révolutionnaire ». Ces mêmes politiciens qui tiennent le crachoir à coté de la Pierre, que diraient-ils aujourd’hui d’antifascistes prêts à se montrer violents pour perturber un meeting d’extrême-droite ?

Quand il s’agit de récupérer les mouvements révolutionnaires passés, on n’en est jamais à une contradiction près. Car le passé en tant que tel n’a aucun potentiel subversif dans la mesure où il peut être récupéré comme bon leur semble. Les fusillés du 9 novembre 1932 étaient plus radicaux, plus violents (pour reprendre le champs lexical de la gauche actuelle) ? Il n’y a qu’à prétendre que c’était un autre contexte, moins démocratique, et que maintenant la seule lutte envisageable se fait à coups de référendums et de votations. Il n’y a qu’à créer un argumentaire victimaire avec pour slogan « plus jamais ça », sans évoquer ni la lutte, ni les idées, ni les pratiques des camarades du début du siècle passé. L’important, pour les partisans de la pacification sociale, c’est qu’ils soient des martyrs, pas des activistes… A Paris, n’a-t-on pas même des rues Auguste Blanqui, Louise Michel, Commune de Paris, alors qu’il s’agissait de révolutionnaires appelant ouvertement à prendre les armes contre l’Etat et la bourgeoisie ?

Nous refusons de faire de ce rouage de la mémoire collective une kermesse dépolitisée dont le seul intérêt est de boire du vin chaud en mangeant des saucisses. Nous voulons lui rendre son caractère subversif. Sans bien sûr prétendre que le contexte politique et socioéconomique n’a pas changé depuis les années trente, nous constatons qu’aujourd’hui, les raisons de se battre ne manquent pas. Et si nous sortons dans la rue en ce soir de novembre, c’est moins pour pleurer sur des camarades fusillés que pour reprendre leur flambeau et nous attaquer à ce système qui nous oppresse.

Contre le fascisme institutionnel et le racisme

Contre un fascisme latent mais bien réel, qui se traduit par une dérive de la société toute entière vers dans un délire ultra-sécuritaire, une surveillance accrue de la population (biométrie, ADN, vidéosurveillance) et une obsession du maintien de l’ordre (par exemple le récent durcissement du droit de manifester à Genève). Face aux inquiétudes suscitées par la crise, des idées nauséabondes d’en revenir à un ordre traditionnel ressurgissent, avec tout ce qu’elles ont de plus fascisant : homophobie, sexisme, normes sociales rigides d’où rien ne doit dépasser, nationalisme…

Parallèlement, on assiste à une aggravation de la situation des migrants à tous les niveaux : durcissement répétés de lois sur l’asile, restrictions du droit de travailler pour les étudiants étrangers, projets de construction de nouveaux centres de rétentions administratifs, islamophobie, xénophobie de plus en plus décomplexée des politiciens… Le racisme n’est pas l’apanage des paysans de Suisse profonde, comme on en voit trop souvent la caricature ; il est institutionnel.

Si la réponse des politiques à la crise actuelle (et la gauche y contribue avec enthousiasme) est de l’ordre des restrictions de nos libertés et de l’instauration d’une ambiance malsaine entre suisses et non-suisses, c’est qu’on est en fin de compte pas si éloignés des années 30 que ce que l’on voudrait nous faire croire.

Contre un Etat qui tue, hier comme aujourd’hui

Aujourd’hui encore, l’Etat tue, en Suisse comme ailleurs. Par les balles de la police .On se souviendra de Carlo Giuliani, abattu par une balle durant l’anti G8 à Gênes en 2001, ou d’Alexis Grigoropoulos, assassiné de la même manière par un flic grec en 2008. En Suisse, en 2010, c’est le jeune Umüt qui sera exécuté au fusil mitrailleur par les flics après une course-poursuite sur l’autoroute, parce qu’il avait volé une voiture. Combien de migrants sont morts durant leurs déportations forcées par des « vols spéciaux » ? Combien de morts dans les prisons Suisses ? Une pensée pour Skander Vogt qui, en 2010, mettra feu à son matelas pour protester contre ses conditions de détention à la prison de Bochuz (VD) et que les matons et les flics laisseront crever d’asphyxie en rigolant.

Tous ces meurtres sont imputables à l’Etat. Peut-être moins spectaculaires, moins romantiques, moins aptes à figurer sur les feuilles de chou des trotskistes, c’est certain. Mais pas moins graves. Et surtout, ces exécutions n’ont pas eu lieu il y a 80 ans. En 1932, des recrues tiraient sur une foule de manifestants. En 2012, l’Etat n’a pas besoin de l’armée pour se salir les mains. Enfin, ceux qui n’ont pas la mémoire trop courte se rappelleront de la découverte en 1990 d’une armée secrète « P-26 », destinée à éliminer des ennemis intérieurs, en cas de révolte sociale risquant de mener la suisse au socialisme. Ennemis intérieurs dont la liste était déjà établie…

Il est peut-être temps de se rendre compte qu’on a l’air un peu stupides, avec notre « plus jamais ça ». Hier comme aujourd’hui, l’Etat n’a pas d’autre but que de garantir le maintien du système capitaliste et des privilèges de la classe dominante, et ce à plus ou moins n’importe quel prix.

La mémoire est un rouage important des luttes, à condition de ne pas considérer le passé comme une image figée propre aux fantasmes stériles et à la récupération, mais comme un héritage à prendre en considération et à perpétuer. Syndicalistes et bureaucrates politiques, au lieu de paniquer à l’idée que d’hypothétiques éléments perturbateurs ne se joignent à leur chère manifestation annuelle, feraient mieux de s’inquiéterde la démence de cette société dont ils participent à la gestion.

Ceux qui pensent encore que la démocratie suisse nous fournit des armes adaptées pour notre émancipation se trouvent du mauvais coté de la barricade. La gauche voudrait nous voir rentrer dans le moule de la bien-pensance citoyenne (« ne vous révoltez pas, votez ! ») pour maintenir la paix sociale et étouffer tout espoir de voir ce monde changer, assurant au capitalisme un avenir radieux.

Mais nous sommes irrécupérables.

La rage au coeur, la lutte continue !

Réseau Antifasciste Genève

Novembre 2012

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